Kolkata, Calcutta, city of joy.

Publié le par Carotte

 

3 - 9 octobre 2011

 

Condensé de toute l'Inde et paradoxalement si différente du reste. Ville assez étonnante et fascinante où tout se superpose, se juxtapose, dans un joyeux bordel, mendicité, ultra-richesse, bidonvilles, bâtiments coloniaux, boutiques chics et vendeurs de rue. On tourne un coin de rue et on change de monde.

Sur Park Street, on est presque à New-York, vaste avenue avec taxis jaunes (des Ambassador sublimes), des éclairages partout, un MacDo, des hôtels et restaurants chics aux prix parisiens, un pub qui ressemble à n'importe quel autre pub au monde, sauf que là, le groupe live chante en hindi, des discothèques où l'on ne rentre pas vu le prix de l'entrée (de quoi tenir facile deux jours ici), on croise ici la jeunesse dorée indienne, qui rêve d'aller vivre en Amérique ou à Paris, qui fume, les filles mettent même des débardeurs ou des petites robes et parlent un anglais parfait.

Puis on tourne la rue et on tombe dans le quartier musulman : n n'est pas loin de la frontière du Bangladesh donc ici, mixité culturelle et religieuse encore plus importante qu'ailleurs. On remet un foulard sur les épaules et on va se régaler d'un curry de mouton pour une minuscule poignée de roupies.

En remontant, on arrive à Sudder street, la rue où se concentrent toutes les guest houses et du coup tous les touristes. On peut marcher des heures dans le reste de la ville sans jamais en croiser un, ici c'est mission impossible. Rien de très particulier à y faire, si ce n'est y dormir, y manger bien et pas cher (évitez juste le plus célèbre des cafés, le blue sky, conseillé dans tous les guides, mais beaucoup plus cher et franchement moins bon), y croiser des gens du monde entier et se donner rendez vous sur les toits des guest houses avant de partir explorer la ville.

Deux rues plus loin, c'est le New Market. Si on arrive à faire abstraction des multiples sollicitations et « what do you want my friend ? », parfois vraiment pénibles, c'est un marché comme je les aime, couvert, avec chaque rue qui est dévolue à une activité particulière, fleurs, chaussures, fringues, bracelets. Bouchez vous le nez et osez aller affronter quelques secondes le marché des bouchers, investi par les corbeaux.

De l'autre côté de l'énorme artère (ici, niveau circulation, on ne se croirait plus en Inde : les rues sont immenses, bien goudronnées, avec des feux, il n'y a que lorsqu'on doit traverser que l'impression de traverser une autoroute nous renvoie à la réalité), le grand parc de Maidan où se retrouve les familles pour pique-niquer, les cerfs volants qui s'emmêlent et surtout les joueurs de cricket dont je n'ai toujours pas réussi à comprendre les règles. Lorsqu'on s'y installe, il ne faut en général pas 10 minutes pour qu'un petit groupe d'indiens vienne s'installer à côté de nous et entamer la discussion, toujours de la même manière « wich country ? », ensuite ça peut durer des heures, entre tentatives d'explications de la société indienne, des festivités, de la religion, du cinéma et de beaucoup de questions sur nous... En bas de ce parc, l'imposant Victoria Memorial, un peu incongru ici, mais qui a quand même de la gueule.

Retour vers le nord et l'imbrication de tous les genres en un paté de maisons : immeubles coloniaux décrépis, tentes de fortune sur les trottoirs pour les milliers de personnes qui dorment dans la rue ici, boutiques sombres, nouveaux immeubles de bureaux modernes, vestiges de l'empire britannique et réalité de l'Inde d'aujourd'hui.

Au pied du Howrah brigde, le marché aux fleurs, un peu décevant, assez boueux, mais avec de beaux tas de fleurs oranges et jaunes en guirlandes et des compositions savantes pour les différentes offrande. Et les gens sont très gentils.

De l'autre côté du Gange que l'on traverse soit par le grand pont (très étrange... il vibre !), soit en ferry (petite balade fort agréable), la gigantesque gare toute rouge de Howrah, la plus grande d'Asie. Je ne sais pas comment je m'y suis retrouvée pour l'instant, mais j'ai réussi à ne pas (encore) trop m'y perdre.

Enfin, au Nord, le très reposant quartier de Kumartuli, mon coup de coeur ici. Le quartier des sculpteurs où, dans une ambiance nonchalante très latine, je me suis perdue avec plaisir au hasard des ruelles calmes et sans voitures, découvrant toutes les étapes de la fabrication des milliers de statues qui seront exposées lors des puja (puis jetées à la mer). Un instant, j'ai oublié que j'étais dans une des plus grandes villes d'Asie, me croyant dans un petit village coloré, sans un touriste ni un anglophone à l'horizon. Et soit, je passe totalement inaperçue, soit je reçois des grands sourires et des « Hi ! » désintéressés, et même venant de femmes, chose plutôt rare ici. Ca me fait penser à Cuba... pourquoi ? Peut-être les maisons vaguement coloniales qui ont eu été colorées, les grosses Ambassador garées, les plantes anarchiquement plantées aux fenêtres et devant les maisons, le linge qui sèche en travers de la rue ? En tous cas, pendant deux heures, je déambule là-dedans avec bonheur et je me dis que si je dois un jour habiter à Kolkata, je chercherais absolument à me loger ici. Une petite enclave de paix lumineuse... Shanti, shanti...

En redescendant de Kumartuli, je traverse d'autres quartiers, chacun offrant encore un nouveau visage de la ville : bazars débordants toujours aussi organisés, quartier juif, musulman, restes de quartiers résidentiels calmes aux bâtiments qui ont dû être très beaux autrefois... Je marche pendant quelques heures, mes jambes commencent à crier mais j'en prends plein les yeux. J'applique la technique du sourire : je souris à tout le monde. Et personne ne m'emmerde. Les quelques rares personnes qui sont venues me parler dans ces quartiers moins fréquentés l'ont fait par curiosité et très gentiment. Je les soupçonne d'être surtout contents de pratiquer les quelques phrases d'anglais apprises à l'école !

Kolkata, c'est donc bien l'Inde, mais il y quand même quelques petits trucs étonnants, notamment la faune citadine. Pas une vache ici. Les seuls singes que l'on croise sont en laisse. Les chèvres sont celles qui vont à l'abattoir ou aux sacrifices de Durga Puja. C'est par contre la seule ville d'Inde où j'ai vu des chats ! Côté trafic, très peu de rickshaws mais les rutilants taxis jaunes pullulent et se tirent la bourre avec les bus décorés qui s'écaillent. Côté population, sa position frontalière en fait une ville très métissée : beaucoup de musulmans, de chrétiens (Mère Theresa a fait des ravages), je n'arrive pas encore à distinguer les différents types d'indiens ou leurs langues, mais quand j'interroge quelqu'un, il est très souvent originaire d'une autre région... Et la ville est extrêmement propre ! C'est probablement ce qui est le plus étrange lorsqu'on arrive.

Calcutta, ville de contrastes, c'est indéniable et c'est en fait une ville très différente du reste de l'Inde, qui n'en est pas moins fascinante... et très agréable !

 

Et puis, bientôt, je vous raconte la Durga Puja, la plus grosse fête de Calcutta avec ses milliers de statues déversées dans le fleuve...

Publié dans Sur la route... Inde

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Commenter cet article
T
<br /> <br /> Pluie à Pourchères, Mistral aux Milles, je récupère vite tes photos et les mets sur ma base pour que tu puisses vérifier si tout va bien avant ton départ pour la montagne !<br /> <br /> <br /> Bisoussss<br /> <br /> <br /> <br />
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Z
<br /> <br /> Merci de nous réchauffer de couleurs lorsque l'automne gris nous tombe ici dessus !<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Ici, il pleut aussi aujourd'hui... :(<br /> <br /> <br /> M'en fous, je pars dans les montagnes ce soir !<br /> <br /> <br /> <br />