Voyage à domicile, ou comment faire cohabiter 5 nationalités dans 35m2.
J’ai déjà dit combien le retour peut être difficile. Incompréhensible. Même revenue à une vie « normale », auto, boulot, dodo, de soudains accès de nostalgie me prennent. Je mets en général tout sur le dos de l’école, de la violence ambiante, de la fatigue, des envies de repartir contrariées par les obligations de la vie, de devoir à nouveau faire attention à ce que je fais, ce que je dis, pour ne pas froisser des sensibilités, me justifier aussi. Certains ne comprennent pas ce besoin de partir. Je devrais n’être que dévotion, sacerdoce et vocation pour mon métier. Que certes, j’aime bien. Quelques petits moments de bonheur parfois me rappellent pourquoi je l’ai choisi. Mais face à un voyage où pendant 6 mois aucune question ne s’est posée… Il est dur de faire le poids.
Alors en attendant d’avoir le courage d’assumer mes envies et de redemander une dispo, je voyage à domicile. Etant désormais dotée d’un canapé, je me suis réinscrite sur le site « couchsurfing ». Succès fou. On doit pourtant être nombreux à Marseille, mais il semblerait que mon profil apparaisse dans les premiers et c’est ainsi qu’avec ma grande capacité d’organisation, j’ai accepté deux groupes le même soir… Sauf que mon appart est bien doté d’un canapé, mais d’un seul. Et que, malgré mon état de semi camping, je n’ai pas de matelas qui traine. Qu’à cela ne tienne, on se serrera.
Et c’est ainsi (bis) que voilà 1 grenobloise, une canado-israelienne, un anglo-israelien et deux colombiennes étudiantes en France se sont retrouvés près du palais Longchamp. La situation est déjà assez originale. Mais un détail manque : les colombiennes ne parlent pas un mot d’anglais. Les israéliens pas un de français. Ni d’espagnol.
Mais ça marche ! Entre les séances de traduction simultanée, les fous rires internationaux et le « body language », on finit, à grands coups de tisanes, vin rouge et bières à échanger (comme on peut), rire (beaucoup) et surtout à déplier canapé, installer tapis de sol, sortir les duvets, couvertures et autres…. On réinvente le jeu du taquin pour réussir à caser tout le monde, un matelas par là, on déplace la table, et hop. Tout le monde est installé, on peut dormir. Enfin, dès lors qu’on aura réussi à arrêter de rire. Ambiance colonie de vacances. Un peu de fraicheur, de simplicité, de spontanéité dans ce monde de brutes. Une petite soirée où l’on rencontre des gens vraiment chouettes, une petite réminiscence de voyage chez soi… Si tu ne vas pas au voyage, le voyage viendra chez toi…